La chapelle St Aurélien.

Saint Aurélien.
Selon la légende, Aurélien se serait nommé Aurélien Cotta et aurait été prêtre des dieux païens ; il se serait opposé à l'activité missionnaire de Martial ; frappé par la foudre, ce dernier l'aurait ramené à la vie. Aurélien se serait alors converti au christianisme et aurait succédé à Martial comme évêque de Limoges.

Aujourd'hui encore, la confrérie Saint-Aurélien de Messieurs les bouchers de Limoges est chargée du culte rendu à Aurélien et de l'entretien de la chapelle qui abrite ses reliques.

La fête de saint Aurélien a lieu le 10 mai, la confrérie se réunit pour la célébrer le dimanche le plus proche. Saint Aurélien est également honoré tous les sept ans, avec Saint Martial et les autres saints limousins, lors des Ostensions limousines.

 
Cette minuscule chapelle a une longue histoire et un ouvrage très détaillé permet d'en connaître tous les secrets, ou presque...

 

L’édifice.

La chapelle est de dimensions modestes : 17 m de long sur 4,10 m de large au niveau du chœur, et 5,20 m de hauteur sous voute.
Elle a été construite sur l’emplacement de la chapelle Saint Léonard en 1475. Elle constitue l’aboutissement d’une succession d’enrichissements et d’agrandissements jusqu’à nos jours. C’est ce qui explique la diversité des styles et du mobilier.

 

  • 1475 : construction de la nef et d’un clocher élevé en son centre.
  • 1652 : Adjonction du chœur, lambrissé et très sombre car éclairé seulement par deux petites ouvertures latérales.
  • Edification du pignon de façade et remplacement du clocher d’origine par l’actuel, mais délacé sur la dernière travée.
  • 1775 : Aménagement du pignon de façade. Aggrandissement du portail d’entrée avec la création d’un arc en anse de panier.
  • 1791 : Récupération d’un vitrail du couvent des Grands Carmes détruit.
  • 1792 : Obtention de la croix monolithique sauvée du couvent des Grands Carmes
  • Après 1803 : Ouverture d’une baie au-dessus de la porte d’entrée et pose d’un vitrail
  • 1893-94 : Ouverture d’une verrière dans el chœur, agrandissement des deux baies latérales et pose de lambris peints.
  • 1971 : Réfection de la toiture et du clocher, dont on remplace les ardoises par des bardeaux de châtaigniers.
  • 1978 : Restauration de la nef
  • 1981 : Restauration de deux tableaux et de l’autel
  • 1986 : Ravalement de la façade
  • 1988-89 : Restauration des vitraux latéraux
  • 1996 : Restauration des statues de Sainte-Catherine et de la Vierge au rognon
  • 2000 : Mise aux normes de l’installation électrique, restauration du chœur et du retable.

La façade.

Elle est constituée d’un pignon rectangulaire qui sera accolé au XVIIè.S. à la façade originale, la date de construction 1652 apparaissant gravée dans la pierre. Au sommet un fronton à volutes, surmonté d’une croix en pierre de modeste dimension.
Gravé sur une plaque de calcaire le buste d’un évêque mitré, sans doute St Aurélien
Une horloge du XIXè.S.
Les armes de deux familles de bouchers :
  • Les Cibot à gauche (écu au chevron accompagné, en chef, de 2 ciboires, et en pointe, de la lettre C en caractère gothique
  • Les Juge à gauche : un écu à une épée en pal à la balance, brochant le tout.
     
Une baie en plein cintre agrandie en 1803 surmonté d’un vitrail.
Deux statues, dont les originaux se trouvent dans la Maison de la Boucherie.
  • A gauche St Jean l’Evangéliste tenant un parchemin déployé, et l’aigle qui le symbolise
  • A droite, Sainte-Catherine qui foule à ses pieds la tête de l’Empereur Maxence, responsable de son martyr.
     
Le portail d’entrée est en granit, agrandi en 1775 comme la pierre gravée l’atteste, fermé par deux vantaux en bois.
A gauche une plaque commémorative des cérémonies organisées pour le 500è anniversaire de la Fondation de la Chapelle.
 

Le clocher.

Erigé au XVIIè.S. sur la dernière travée en remplacement du clocher d’origine qui était plus modeste et qui se trouvait au-dessus de la deuxième travée.
De forme octogonale, son sommet est coiffé de deux chapeaux superposés aux rebords incurvés dans un style très en vogue à cette époque. Il est surmonté d’une croix simple en métal et recouvert de bardeau de châtaignier.
Il abrite deux cloches : l’une, fondue à l’initiative du chanoine régulier J.Martin, curé de Saint Cessateur et prieur de St Aurélien. Elle est datée de 1757, sa marraine était Anne Parot, l’épouse d’Audoin Malinvaud qui en était le parrain. Elle pèse 70 kg.
La seconde ?

 

La croix des carmes.

Cette magnifique croix monolithique en calcaire est protégée par un auvent en cuivre. Elle a été acquise par la Confrérie en 1791. Elle provient de la démolition du couvent des Grands Carmes qui se trouvait entre la rue Foucauld et la rue St Eloi, au sud de la place des Carmes actuelle.
De style gothique flamboyant, elle date de la fin du XVè.S.
Elle est fixée sur un socle de granit quadrangulaire, qui passe à l’octogonal par le moyen de congé.
Orné d’une coquille, il rappelle que Limoges se trouvait sur la route de St Jacques de Compostelle.

 

 
 
Elle est constituée de trois parties :
- Le fût, qui comprend 3 étages, comprenant chacun un groupe de 4 apôtres abrités sous un dais de style flamboyant, et munis de leurs attributs traditionnels respectifs (St André tient par exemple la croix de son supplice)

 

-  Au-dessus un scabellon (Piédestal ou socle sur lequel on pose des bustes) joliment sculpté soutient la scène de la crucifixion. On peut découvrir :
  • Sur le devant : deux anges encadrant un écusson bûché
  • Sur le côté droit, 2 écussons bûchés
  • Sur le côté gauche, un écusson aux armes de St Martial
  • Sur l’arrière, aux deux angles : une feuille d’acanthe à gauche, un aigle à droite
- Au sommet, la scène de la crucifixion comporte :
  • Au centre, une croix aux bras ornés de magnifiques sculptures flamboyantes
  • Devant, face à la place, le Christ crucifié
  • Au dos, difficilement visible, il est également représenté attaché à une colonne, les bras derrière le dos : c’est une représentation rare du Christ.
L’auvent en cuivre protège la croix des intempéries. Il soutient une potence munie d’une poulie, à laquelle est suspendu un luminaire électrique. Auparavant c’est une lampe à huile qui se trouvait là et qui était ramenée à terre à l’aide de la poulie, lors de l’opération de réapprovisionnement en combustible.
 
 

L’intérieur.

La chapelle St Aurélien est la seule chapelle à rassembler autant d’œuvres d’art dans un si petit espace.
Leur diversité de facture et l’échelonnement dans le temps de leur installation démontre que ce lieu de culte n’a jamais cessé d’être embelli au fil des ans par les différentes générations de bouchers.
Elle témoigne de la piété de cette confrérie envers leur Saint patron, et cela se ressent dès l’entrée dans l’édifice.

 

Des lampes vôtives fixées sur les murs brillent continuellement en souvenir des familles de confrères vivants et décédés.
Des cierges brûlent en témoignage de la foi de leurs donateurs.

 

 
 
La nef. (à partir du fond à droite)
Elle est composée de trois travées voutées d’ogives retombant sur des culots ornés d’écussons vert et blanc aux couleurs de la Confrérie. La dernière travée est occupée par une tribune en bois. Sur la grille deux panneaux en métal peint représentant St Martial et Saint Aurélien. Les deux cordes sont celles des cloches.

 

 
 
Les trois clés de voute sont peintes :
  • Celle de la dernière travée représente les armoiries d’une des branches de la famille Cibot (un écu d’azur à 3 ciboires d’or, inscrit sur une cartouche de couleur rouge entourée d’un polylobe de couleur jaune)
  • Celle de la deuxième constitue la croix de consécration de la chapelle : un écu de gueules (rouges), à la croix pattée d’argent (blanc), inscrit dans un polylobe de couleur bleue. La petite ouverture au centre devait surement permettre le passage de la corde actionnant la cloche d’origine (le clocher ayant été installé ensuite sur la dernière travée)
  • Celle de la première travée représente un écu bleu à la pointe arrondie, chargée de deux lettres gothiques de couleur rouge entrelacées (SA : monogramme de St Aurélien), inscrit dans un polygone polylobé au contour extérieur de couleur rouge.
     
Sur les murs, on peut voir :
Un chemin de croix de facture moderne et une série de lampes vôtives de couleur verte ou rouge, allumées tout au long de l’année pour demander à St Aurélien de protéger les familles qui le désirent, et qui s’cquittent pour cela d’une offrande annuelle.
Trois écus aux armes de St Aurélien : écartelé de sinople (vert) et d’argent, chargé des lettres SA de St Aurélien entrelacées d’or, au chef d’azur à trois fleurs de lis d’or. Les couleurs d’origine ont passé.

 

 
 
Les vitraux.
La lumière pénètre dans la nef par quatre baies garnies de vitraux. Au-dessus de la porte d’entrée, en partie caché par la tribune, un très beau vitrail du XVè.S., restauré à la fin du XIXè.S. représente St Martial et St Aurélien. Il a été acquis par la Confrérie en 1791, à la suite de la démolition du couvent des Grands Carmes.
A hauteur de la deuxième travée, à droite, un vitrail du XIXè.S., restauré en 1989 représente l’apparition de Notre Dame à La Salette, et offert en 1894 par Malinvaud-Mantoue, chevalier dans l’Ordre de St Grégoire le Grand, et 1er syndic de la Confrérie à cette époque.

 

De chaque côté de la première travée, au fond d’une niche peinte de couleur azur et parsemée de lys, deux ouvertures en plein cintre se font face, et possèdent un vitrail du XIXè.S. qui représente :
  • A gauche : Saint Léonard
  • A droite : Saint Guillaume
  • Restaurés en 1989, ils ont été donnés par Guillaume Malinvaud, dit l’Ange et son épouse en 1878 et 1886.
     
Les statues et le mobilier sacré.
Les statues de la nef représentent St Roch, Sainte Catherine d’Alexandrie, et Sainte-Anne, trinitaire appelée La Vierge au rognon, les deux dernières ayant été restaurées en 1996.
Sur le côté droit en partant de l’entrée :
  • Un grand Christ en bois peint, de facture du XVIIIè.S. qui étrangement a les pieds non pas cloués l’un sur l’autre comme habituellement mais l’un à côté de l’autre.
  • Une statuette de bronze de St Pierre assis sur son trône est un souvenir du pèlerinage à Rome qu’a effectué la Confrérie en 1887. Elle a été offerte par François Parot, Etienne Cibot dit « le frère », Jean Cibot, Malinvaud dit « l’ange », Jean Malinvaud dit « mantoue » et Martial Malinvaud dit « chagrin » (noms notés sur le socle).
     
Au-dessus du bénitier en marbre, la statue de l’enfant Jésus de Prague et une plaque rappelant la commémoration du Vè centenaire de la construction de la chapelle.
  • Un cadre représentant la Sainte-Face, rapportée de Rome à l’occasion du second pèlerinage à Rome.
  • Une statue de St Roch en bois du XVIIè.S. (1m40 de haut)
  • Un confessionnal en bois dans le mur
  • Une statue en plâtre représentant St Joseph du XIXè.S.
  • Sur le côté gauche (en partant du chœur) :
  • Une statue en plâtre de St Léonard du XIXè.S.
     
 
Une statue en pierre calcaire polychrome d’1m22 de haut représentant Ste Catherine d’Alexandrie de la fin du XVè.S.
La sainte est debout, vêtue d’un manteau et d’une robe, porte une couronne. De sa main gauche, elle soutient un livre ouvert et tient l’épée de sa décollation de sa main droite. Une roue brisée, symbole de son martyre, repose contre sa jambe droite.
Sous ses pieds est représenté Maxence, l’Empereur sous le règne duquel elle fut persécutée et martyrisée.
 
Une statue en pierre calcaire de 1m16 de haut dénommée La Vierge au rognon date de la deuxième moitié du XVè.S.
Elle représente Sainte Anne et sa fille, la Sainte Vierge portant l’Enfant Jésus sur son bras. Sainte Anne debout, enveloppe de son bras gauche la Vierge et l’Enfant.
Les deux femmes sont légèrement déhanchées et inclinées alors que l’Enfant Jésus est présenté tout à fait de face.
Il porte à sa bouche un fruit dans sa main gauche. La tradition des Bouchers voulait que ce fruit soit en fait un rognon de mouton, un abat rare et renommé pour sa succulence. Il était offert par les bouchères aux enfants de leurs plus fidèles clients.
L’Enfant tend l’autre bras vers le panier de fruit que tient Sainte-Anne.
La Vierge tient un petit bouquet de fleurs dans sa main droite.
L’enfant est représenté nu, les deux femmes portent une robe tombant en plis couchés sur leurs pieds, et laissant apparaître le bout de leurs souliers pointus. Elles sont drapées d’une toge à l’étoffe épaisse, qui couvre la tête de Sainte-Anne en laissant dépasser un voile, tandis que la Vierge couronnée, présente l’Enfant Jésus tête-nue.
 
Encadré par ses deux statues, l’ « autel privilégié » du XVIIIè.S. se détache sur un fond gris-bleu, et laisse apparaître un pélican protégeant ses petits de ses ailes.
Au-dessus du tabernacle, se dresse la statue en pierre de la Vierge couronnée, restaurée en 1990, vêtue d’amples vêtements. Elle date de la fin du XVè.S. L‘Enfant-Jésus tient un globe dans sa main droite et est torse nu.
 
Au-dessus de l’autel, une toile peinte représente l’Adoration des Rois Mages, agenouillés aux pieds de la Vierge, assise qui présente l’Enfant-Jésus. C’est la copie d’un tableau de 1723 de J.M.Rottmayr, exposé à l’abbaye de Melk en Autriche et qui aurait été offert par Napoléon III.
  • Près de l’escalier de la tribune, une statue en bois d’1m40 de haut du XVIIIè.S. représente Notre Dame du Bon Secours, tenant un Enfant Jésus frisé.
  • Une statue en plâtre représente St Antoine de Padoue.
     
Le chœur.
Le chœur représente l’aboutissement de l’agrandissement de la Chapelle entrepris en 1652 et de la transformation réalisée en 1893-1894. Le sol est surélevé par rapport à la nef grâce à l’installation d’une estrade en bois avec trois marches. La grille en fer forgé datant de 1977, a été installée pour prévenir les vols.
Sur l’arc de voute surplombant la nef, on remarque le buste d’un évêque polychrome datant de 1632.

 

Le plafond et les vitraux.
En 1894, des transformations visant à apporter de la lumière furent entreprises.
Le plafond moulé, doré et sculpté est en harmonie avec le retable. Il constitue le cadre d’une verrière qui permet à la lumière de pénétrer dans le Chœur. Cette verrière comporte cinq écussons :
  • Un écusson aux couleurs vert et blanc de la Confrérie, surmonté d’une mitre d’évêque
  • Sur chacun des côtés, les quatre écussons sont aux Armes des Autorités dont dépendait la Confrérie :
  • Saint Martial, 1er évêque de Limoges représenté comme sur les Armes de la Ville
  • Notre Saint-Père le Pape Léon XIII reconnaissable avec sa tiare
  • L’évêque de Limoges Monseigneur Renouard (1888-1913) avec sa mitre
  • La paroisse St Pierre dont dépendait la Chapelle avec les clés du Paradis tenues par le Saint
Les murs du chœur sont garnis de lambris peints et de chaque côté s’ouvre une baie garnie d’un vitrail.
  • A droite St Jean-Baptiste et Saint Antoine de Padoue, offert en 1892 par un confrère Jean Malinvaud dit l’Ange, exécuté par l’atelier Lagrange d’Angoulême
  • A gauche, celui de St Martial tenant dans sa main gauche la chapelle de Saint Martial de Montjovis aujourd’hui disparue.
 
 
 
Le retable.
Le retable en bois doré du XVIIè.S. se compose de trois parties séparées par deux colonnes torses, ornées de pampres et surmontées chacune d’un angelot assis. Elles supportent une corniche chargée de fleurs et de guirlandes de fruits.
Au centre, le tableau est une reproduction inversée de la transfiguration peinte par Raphaël pour la pinacothèque du Vatican.
On peut le faire coulisser derrière la partie gauche du retable et dévoiler ainsi une niche fermée d’une porte et d’une grille qui ouvertes, permettent d’exposer à la vénération des Fidèles la châsse contenant les Reliques de Saint Aurélien.