Le couvent des Visitandines

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Limoges se peuple de nombreuses communautés issues de la Réforme catholique (contexte de reconquête catholique après les guerres de religion.) Quasiment tous les fondateurs de monastères ou d'institutions charitables à Limoges à cette époque appartiennent à des familles ex-ligueuses (ultra-catholiques) devenues "dévotes".
Le 28 décembre 1643, Françoise-Gabrielle de Douhet (d’origine limougeaude ?), religieuse visitandine (ordre religieux contemplatif féminin) de La Châtre en Berry, arrive à Limoges, accompagnée de 6 de ses consœurs. Ces sept religieuses visitandines, appartenant à la congrégation Sainte-Marie d'Annecy, forment le premier institut visitandin de Limoges dans de simples maisons d'habitation, en bordure d'un faubourg de la route de Paris (actuelle rue François Chénieux).
Entre 1650 et 1665, les bâtiments conventuels prennent progressivement de l'ampleur, au centre de l'enclos s'élèvent une chapelle et un corps-de-logis. Entre 1668 et 1680, une campagne importante de travaux est lancée. Un nouveau corps-de-logis est édifié, un vaste cloître est aménagé et des améliorations sont apportées aux bâtiments existants.
Une nouvelle phase de travaux a été entreprise vers 1775 par l'architecte Brousseau. L'ancien oratoire est rasé, une partie seulement des bâtiments les plus anciens est intégrée dans le projet de cette fin du XVIIIe siècle. Ainsi, la partie sud-est assez désorganisée se voit entièrement remodelée par Brousseau. La nouvelle église ne se détache plus des bâtiments conventuels, mais se trouve intégrée aux corps-de-logis. Il édifie notamment la chapelle, dont la façade est considérée comme un modèle d'architecture néo-classique.
Le Conseil Général de la Haute-Vienne devrait donc s'installer dans le bâtiment pour 2010.
Les Visitandines sont strictement cloîtrées, conformément aux canons du concile de Trente. Les journées sont rythmées par les offices et les prières.
Les moniales de choeur sont pour l'essentiel des filles de la bourgeoisie marchande (l'aristocratie locale place plutôt ses filles au monastère bénédictin de la Règle), tandis que les soeurs converses, chargées des travaux matériels, viennent du monde de l'artisanat. Entrer au couvent suppose de fournir une dot de plusieurs milliers de livres.
En 1791, les Visitandines comme toutes les communautés religieuses sont expulsées de leur monastère, qui devient bien national. Il sert alors de palais de justice et de prison ... insalubre. Les bâtiments abriteront une prison, une bibliothèque, un tribunal. L’armée, qui prendra possession des lieux pendant un siècle et demi, effectuera des travaux importants, et développera des constructions militaires partout dans Limoges, notamment au XIXè.S.