La place de la Motte

(L’accès au Château se faisait par huit portes, qui ont aujourd’hui disparu.)
La place de la Motte, aujourd’hui couvertes par les Halles Centrales et les boutiques, était occupée au Moyen-Age par le château du Vicomte de Limoges et deux étangs. Elle avait néanmoins été occupée par les Romains dès le 1er siècle.
Au cours du Xè siècle donc, le vicomte a quitté la Cité pour installer son château à motte (d’où son nom) en contre-haut du Château Saint-Martial.
A l’entrée de la rue des Halles actuelle s’élevait sur une butte en terre, une tour de bois occupée par une garnison, chargée de surveiller les environs. Le donjon se situait entre les rues Lansecot, Ferrerie, Pennevayre et le prolongement de la rue de la Boucherie.
Sur la place actuelle du Présidial se trouvait la basse-cour du château, et se composait d’un ensemble d’écuries, de hangars et de l’église St Michel.
Elle était protégée à l’ouest par deux étangs, alimentés par la fontaine d’Aigoulène* qui recevait son eau par les aqueducs romains, et encerclée par un fossé en eau et une basse-cour.
Le grand étang occupait l’emplacement où l’on construisit le marché Dupuytren et le petit était placé en face des numéros 38 à 42 de la place de la Motte. Une chaussée étroite entre les deux étangs reliait la rue Pennevayre à la rue de l’arbre d’Aigoulène.
Les eaux de la source d’Aigoulène avaient alimenté Augustoritum aux abords du pont St Martial, et par la suite remplirent les fossés de la première enceinte du château de Limoges (Xè.S.) et ceux de la Motte du Vicomte.
Plus tard elles formèrent des étangs qui furent englobés dans la deuxième enceinte du XIIIè.S.

 

Les étangs servaient à nettoyer les rues du château (4 canaux s’ouvraient les mercredi et samedi pour le nettoyage des rues), à éteindre les incendies, à abreuver les chevaux… Ils figurent sur les plans de la ville du XVI au XVIIIè.S.
Ils présentaient cependant des inconvénients, notamment les mauvaises odeurs, et dans la crainte des épidémies, les Consuls les faisaient curer souvent. Ils étaient entourés de petites murettes, mais les passants tombaient souvent à l’eau et les gens y jetaient des détritus. Ils disparurent au XIXè.S.

 

La source d’Aigoulène était située à l’entrée de la chaussée qui séparait les étangs de la motte. Elle se composait d’un bassin en granit avec 12 jets d’eau.
Son nom proviendrait de la légende d’un Roi d’Afrique du temps de Charlemagne nommé Aigolant qui serait passé à Limoges et aurait voulu laisser une marque de sa générosité (un chariot d’or enrichi de pierreries), selon un moine de St Martial du XIVè.S.
La fontaine fit l’admiration des voyageurs du XVIIè.S. On y ajouta une statue de St Martial et des dauphins. La fontaine fut peu à peu détruite, et la vasque finit en abreuvoir sur le champ de foire.
La tour est le symbole d’un nouveau pouvoir.
 
Au XIIème siècle, le quartier des « affaires » s’étendait autour de l’abbaye St Martial avec ses échoppes, son marché de la claustre – marché au blé qui tient son nom du cloître, les orfèvres et leurs ateliers et les boutiques des marchands installés dans la rue du clocher, avec les tables des banquiers et changeurs de la rue des Taules (voulant dire Tables en langue limousine, rue Jean-Jaurès actuelle).
Les vicomtes ont essayé de prolonger ce quartier des affaires sans y parvenir vraiment, le commerce ne s’étendant réellement dans cette direction qu’au XIVè.S. lorsqu’administration et possesseurs d’offices s’installent aux alentours de la place de la Motte. Le Sénéchal quitta la Cité à cette époque pour venir habiter le quartier de la Motte.
 
Au XIVè.S., on construit l’église St Michel des Lions.
Lorsque les consuls furent rétablis dans leurs prérogatives à la fin du XIVè.S. en se ralliant à Charles V, roi de France, (après avoir pactisé avec Edouard III d’Angleterre), après des années de conflit, leur premier soucis fut de s’en prendre à la Motte, symbole de la puissance seigneuriale. On démolit le donjon et l’on commença à bâtir des maisons sur les fortes pentes de cet immense monticule, en façade sur les rues Ferrerie et Lansecot. Il en résulta que les habitations étaient en rez-de-chaussée sur la rue et côté Motte, les sorties se faisaient au deuxième étage, ce qui entraîna par la suite de nombreuses plaintes.
Au XVè.S., la Maison Commune (rue Saint Nicolas autrefois) s’installe dans la rue qui porte désormais son nom : la rue du Consulat.
Aux XVIè.S., la place de la motte était haut perchée et toute petite, fermée par trois côtés par les derrières des maisons des rues Pennevayre, Ferrerie et Lansecot et ouverte sur les étangs.
La Basse-Cour devient le centre administratif, les institutions royales se mettent en place au XVIè.S.
 
C’est le siège royal de la justice, le tribunal de la Sénéchaussée devenu Présidial. Il s’établit dans l’ancien presbytère de St Michel, à côté de l’église. Ce sont aussi les officiers des finances, dont les plus notables sont les « Trésoriers de France ». Le Bureau des Finances s’installe de l’autre côté de la place.
On construit le Palais du Présidial et en face le Palais Breuil (plus tard Hôtel de la Préfecture) destiné à recevoir les grands personnages de passage à Limoges, (deviendra plus tard le siège de l’Intendance.)
En 1789, on voûta le petit étang sur lequel on établit la poissonnerie, qui quitta alors la place St Pierre et qui subsista jusqu’au milieu du XIXè.S. lorsqu’ouvrit le marché Dupuytren.
 
Le 6 septembre 1790, un incendie se propagea de la rue Manigne (Charles-Michels) dans tout le quartier des Pousses jusqu’au rempart de l’avenue Gambetta. ; 200 maisons furent détruites. Le quartier sera réaménagé ensuite : ouverture de la rue Haute-Vienne, création de la place du même nom, création de la rue traversière des Ursulines (en référence au couvent des Ursulines, installées à Limoges depuis 1620.
Elles instruisaient les jeunes filles pauvres et attiraient la sympathie pour leur action) pour que le secours puissent passer facilement d’une rue à l’autre, et que l’air salubre puisse circuler plus aisément (d’importants problèmes de salubrité existaient dans tout le quartier)… Une souscription fut lancée pour venir en aide aux sinistrés (comme ce sera également le cas en 1864).
Les maisons furent sans doute assez vite reconstruites, on peut lire 1795 sur l’une d’entre elles, mais pour les éléments de voirie, la révolution passa par là et retarda les travaux.
En 1817, on voûta le grand étang, jugé trop dangereux avec ses eaux croupissantes. Elle disparut avec la construction des Halles.
En 1852 fut inauguré le marché Dupuytren (qui contenait une cinquantaine d’étaux) qui fut transféré place Carnot en 1887. Il était situé sur la partie nivelée de la place, dans l’angle des rues d’Aguesseau et Léonard Limosin.
Le 15 août 1864, un terrible incendie ravagea le secteur, et c’est sur les restes que fut bâti un bâtiment de 160 m² où s’installèrent des halles à la criée, sur le sommet arasé de la motte vicomtale, sur lequel s’ouvrait de plain-pied le premier étage des maisons des rues Pennevayre, Ferrerie et Lansecot.
L’incendie qui a commencé, rue des Arènes, chez un monsieur Cancé, chapelier, à l’heure même où l’on tirait le feu d’artifice au Champ-de-Juillet, a dévoré tout le pâté de maisons compris entre la rue des Arènes (rue Othon P2connet), la place de la Motte, le boulevard Sainte-Catherine (bld Gambetta) et la place d’Aine. On parla d’au moins 108 maisons brûlées (2000 personne atteintes par le fléau) et de pertes s’élevant tant en immeubles, mobiliers et marchandises.
Les pompiers sont aidés par la population, et font appel à ceux de Périgueux, d’Argenton et Châteauroux. Le transport des tonneaux est difficile et l’eau manque.
Le feu s’est rapidement propagé à cause des matériaux utilisés dans la construction des maisons à pans de bois du quartier, à l’étroitesse des rues.
Suite à cet incendie, de grands mouvements de solidarité eurent lieu en France par des souscriptions et même à l’étranger.
 
En 1873, une partie de la place Haute-Vienne recouvre l’un des bassins de la ville, qui fournit l’eau potable à tous les quartiers alentours.

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