Le pavillon du Verdurier.

  
Ce projet est intégré dans la reconstruction du quartier du Verdurier, démoli à partir de 1913 lors du percement de la rue Jean-Jaurès.
Ce bâtiment a été initialement conçu par l’Office départemental du ravitaillement comme pavillon frigorifique pour approvisionner la population en viande importée congelée d’Argentine, le secteur agricole ayant beaucoup souffert en Limousin. Il est également un moyen mis en oeuvre par la Ville pour contourner le corporatisme des bouchers limougeauds, alors très fort.
Le projet est présenté par le maire le 4 mars 1919. La construction est achevée en 1920.
 

L’édifice

Edifice de plan octogonal, le pavillon frigorifique du Verdurier est construit en 1919 à l’instigation du Département. Réalisé en béton armé, de style Art déco, il est conçu par l’architecte Roger Gonthier, sur une superficie de 400 m2.
 
L’architecte travaille alors au projet de la nouvelle gare des Bénédictins et on peut considérer ce pavillon frigorifique comme une maquette du grand hall du bâtiment des voyageurs.
 
Roger Gonthier traite son programme sous forme d’un pavillon carré aux angles abattus servant d’accès, et couvert d’un dôme circulaire très aplati, revêtu de zinc à l’origine (cuivre actuellement), et couronné d’un lanterneau à « oreillettes ».
Chaque porte d’angle est abritée sous un auvent plat très débordant.

 
L’ensemble, éclairé par de larges baies vitrées, se caractérise par une certaine rigueur géométrique reflétant la structure en ciment armé, indice de modernisme. Mais celle-ci est entièrement habillée d’une parure chatoyante de carrelage en grès flammé à dominante verte, avec haute frise de bouquets bleus sur fond or.
 
Ce décor a été réalisé par les céramistes Alphonse Gentil et François Bourdet, maison spécialisée de Boulogne- Billancourt qui travailla, en particulier, pour l’architecte Henri Sauvage.

 

 
L’aspect hygiénique du matériau de revêtement s’accorde particulièrement à la fonction de l’édifice. Ce décor très couvrant ainsi que la courbure des auvents du lanterneau dénotent toutefois une persistance du goût Art Nouveau, assagi par une tendance à la stylisation du décor et à la symétrie des formes qui annonce l’Art Déco.
 
Ce décor géométrique est égayé en partie haute par un décor floral.

 

L’intérieur.

C'est une décoration hellénisante, composée de grecques et de palmettes en bleu et ocre, au pochoir qui a été choisie. Le décor peint de la voûte réalisé par l’entreprise Chigot est souvent déclaré comme l’oeuvre de Léonard Chigot.
 
Or Léonard Chigot, mort en 1903, n’a vraisemblablement pas pu l’effectuer et c’est son fils Francis, maître-verrier, qui, chef de l’entreprise familiale jusque vers 1925, exécute de manière certaine le travail (les indications manuscrites portées sur la maquette à grandeur d’exécution et en couleurs du décor conservée dans les archives familiales sont de sa main) et doit être l’auteur du décor.
 
L’aménagement intérieur du pavillon frigorifique était très fonctionnel : les serveuses opéraient dans l’espace central délimité par les étals des vitrines formant un grand U parallèle à la rue du Collège ; les espaces d’administration étaient cloisonnés et se trouvaient du côté de la rue Marcel-Sembat ; les installations frigorifiques étaient aménagées au sous-sol avec une chambre de stock, une chambre de décongélation et une de conservation, le tout situé à côté de la salle des machines.
 
L’usage du « Frigo » est vite périmé : en juillet 1921 la commission des offices départementaux licencie le personnel et, comme convenu, rétrocède le bâtiment à la ville de Limoges. Après quelques tentatives de location à des commerçants spécialisés (bouchers, coopérative laitière) le matériel est vendu en 1924.
 
Dès lors le local sert principalement à des compagnies de transport (il deviendra gare routière jusqu’en 1976).
 
Ce bâtiment fait l’objet d’une restauration complète en 1978, quasiment à l’identique, à l’exception des huisseries à petits bois, remplacées par de larges baies vitrées, et des colonnes doriques dont la réfection avait pourtant été demandée par l’architecte en chef des monuments historiques.
 
Restauré par la ville de Limoges, il est transformé en pavillon municipal d’exposition, dit Pavillon du Verdurier. Le sous-sol abrite des copies des vitraux de Francis Chigot, installés après l’exposition consacrée à ce maître-verrier en 1980 (pour l’instant les originaux sont au Musée des Beaux-Arts).
 
Inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975, l’édifice bénéficie, de fait, du label Patrimoine du XXe siècle.

 

Pour en savoir plus sur le patrimoine du XXè.S. : https://www.limousin.culture.gouv.fr/IMG/pdf/pat_20_pavillon_frigo.pdf